mardi 11 août 2009

voila pourquoi je suis juif

La richesse du Judaïsme et ses réflexions
Voilà pourquoi je suis Juif


J’ai rassemblé quelques réflexions sur le bien et le mal, même pour des illustres érudits s’est posée la question suivante : comment se fait-il que le juste puisse souffrir, et que le méchant puisse prospérer ? Je pense que le Judaïsme est l’école de la vie, où on apprend à se hisser au-delà de soi même, comme un frère vivant dont on attrape la main quand la corde se raidit, aucun peuple n’a passé autant d’épreuves pour avoir le droit de survivre comme le peuple Juif, et souvent avec beaucoup de philosophie et d’humour, mais au fait c’est peut-être ça notre force ?.
Un jour j’ai posé une question à ma mère, quel est le plus beau jour de ta vie ? sa réponse fusa, sans ambiguïté, Aujourd’hui mon fils ! cette réponse me poursuit, et je me rends bien compte oh combien elle avait raison, Dieu sait de quoi sera fait demain ?. Combien de fois elle m’a répété des milliers de phrases, qui sur le moment même ne m’ont guère interpellé, et dont je me rends compte aujourd’hui quelles étaient gravées à jamais dans ma mémoire et font partie de mon patrimoine, et c’est une double raison pour me rappeler oh combien ma mère était exceptionnelle et unique.

Il ne faudrait pas croire que l’inquiétude juive est métaphysique. On l’assimilerait à tort à l’angoisse que provoque en nous la considération de la condition humaine. Je dirais volontiers que l’inquiétude métaphysique est un luxe que le Juif, pas plus que l’ouvrier, ne peut aujourd’hui se permettre. Car les Juifs sont souvent inquiets. Un Israélite n’est jamais sûr de sa place ou de ses possessions ; il ne saurait même affirmer qu’il sera encore demain dans le pays qu’il habite aujourd’hui, sa situation, ses pouvoirs et jusqu’à son droit de vivre peuvent être mis en question d’une minute à l’autre ; en outre, il est, nous l’avons vu, hanté par cette image insaisissable et humiliante que les foules hostiles ont de lui. Son histoire est celle d’une errance de vingt siècles ; à chaque instant, il doit s’attendre à reprendre son bâton. Mal à l’aise jusque dans sa peau, ennemi irréconcilié de son corps, poursuivant le rêve impossible d’une assimilation qui se dérobe à mesure qu’il tente de s’en approcher, il n’a jamais la sécurité épaisse.
Le Juif est social parce que l’antisémite l’a fait tel. Tel est donc cet homme traqué, condamné à se choisir sur la base de faux problèmes et dans une situation fausse, privé du sens métaphysique par hostilité menaçante de la société qui l’entoure, acculé à un rationalisme de désespoir. Sa vie est n’est qu’une longue fuite devant les autres et devant lui même.
L’inquiétude du Juif n’est pas métaphysicienne, elle est sociale. Ce qui fait l’objet ordinaire de son souci, ce n’est pas encore la place de l’homme dans le monde, mais sa place dans la société.
C’est la société, non le décret de Dieu, qui a fait de lui un Juif, c’est elle qui a fait naître le problème juif et, comme il est contraint de se choisir tout entier dans les perspectives que définit ce problème, c’est dans et par le social qu’il choisit son existence même.

En se proclamant Juif, il fait siennes certaines de ces valeurs et de ces divisions ; il choisit ses frères et ses pairs : ce sont les autres Juifs ; il parie pour la grandeur humaine puisqu’il accepte de vivre dans une condition qui se définit précisément comme invivable, puisqu’il tire son orgueil de son humiliation. Il ôte tout pouvoir et toute virulence à l’antisémitisme du moment même qu’il cesse d’être passif. Car le Juif inauthentique fuyait la réalité juive et c’était l’antisémitisme qui le faisait Juif malgré lui ; au lieu que le Juif authentique se fait juif lui même et de lui même, envers et contre tous ; il accepte tout jusqu’au martyre et l’antisémite désarmé doit se contenter d’aboyer sur son passage sans pouvoir le marquer.

La difficulté aujourd’hui est d’accepter avec exigence certes, la matérialité sans laquelle la spiritualité ne peut exister. Le judaïsme justement n’a jamais opposé ces deux termes, au contraire les a toujours associés : nous ne sommes pas de purs esprits, le corps doit trouver où exister aussi. L’esprit n’est pas au-dessus du corps, ils fonctionnent ensemble, et faire attention à soi c’est d’abord commencer par préserver sa vie avant de penser à celle des autres (sinon moi, qui ?), et précisément pour pouvoir penser à celle des autres (si ce n’est que pour moi, qui suis-je ?). Ce n’est pas en étant mort que l’on peut aller vers l’autre. L’altruisme inclut soi-même, et soi avant tout. S’en remettre entièrement à l’autre pour veiller à sa survie matérielle a montré ses limites très nettes pour le Juif apatride tout comme pour celui citoyen des différents Etats. Et physiquement, et spirituellement. L’Etat (corps) juif (esprit) est juif pour les valeurs juives, il est un Etat aussi qui matériellement peut être attaqué. Défendre le corps pour protéger l’esprit (et inversement). Certes, avec l’art et la manière. La fameuse éthique juive. Or cette éthique n’est pas sacrificielle, elle n’entend pas qu’il faille se laisser massacrer pour avoir le droit de vivre. Il est donc inenvisageable de concéder quoi que ce soit aux terroristes en considérant que le nourrisson visé délibérément à la tête par un sniper ou les corps déchiquetés d’Israéliens jonchant le sol sont le résultat et la faute de l’occupation israélienne. Cette dernière, résulte d’une guerre voulue totale et décidée.

Quand en mai 1967 Gamal Abdel Nasser déclare, entre autres déclarations amicales, que « l’existence d’Israël est en soi une agression », certains juifs sont tout disposés à le suivre.

On trouve également des distorsions politiquement motivées ; l’exploitation de la Shoah que l’on retourne contre les Juifs ; des stratégies de discrimination morale et politique contre l’Etat d’Israël ; l’impunité croissante de l’antisémitisme qui se prêche aux deux extrémités du spectre politique, etc. Les Juifs furent et sont encore incapables de s’extirper des forces déployées contre eux dans une guerre qui semble n’avoir pas de répit et qui revêt des formes et des noms différents et renouvelés. Et ce malgré le fait que le peuple juif est ridiculement minoritaire sur Terre, 997 habitants de la planète sur 1000 n’étant pas juifs.
C’est ainsi qu’un conflit qui oppose les Juifs et les Arabes au Proche-Orient vole la vedette à tous les autres conflits de la planète. Comme le disait David Grossman, « Après tout, le Juif a toujours été une forme de métaphore pour quelque choses, jamais il ne fut perçu pour ce qu’il est réellement. Les gens ont toujours eu du mal à nous reconnaître, nous les Juifs, comme des êtres humains. Il y eut de la diabolisation et de l’idéalisation, toutes deux étant des formes différentes de déshumanisation. Le sionisme, en dépit de tout, nous a délivrés de ça. Il nous a ramenés au pratique, à l’humain, à l’histoire. Mais aujourd’hui, nous voilà remis à cette place symbolique.

Sans annuler les autres formes d’antisémitisme – religieux, social, racial – la renaissance d’une souveraineté juive ne cesse d’alimenter la rumeur. Derrière la phrase tant et tant répétée de la « critique de la politique israélienne », du « droit à critiquer Israël », est venu le dernier né de la famille antisémite : l’antisionisme. La critique hors norme d’Israël fait de cet Etat la pire plaie de la planète. Comme en son temps les autres formes d’antisémitisme, l’antisionisme se professe haut et fort, parfois avec fierté, il est un courant de pensée comme un autre, et il crée une scission dans les sociétés que ce phénomène agite.

L’histoire juive(…) n’a ni gloire ni action, ni héros ni conquérants, ni souverains ni leaders menant son destin, juste une collection de gémissements, de blessures, de lamentations pitoyables de bête traquée, toujours quémandant la pitié (…). Cet antisionisme moderne, « né au confluent des luttes anticoloniales, anti-mondialisation, anti-racistes, tiers-mondistes et écologistes », présente Israël « comme un Etat colonial et raciste qui opprime sans fondement un peuple innocent du tiers-monde ». Israël ne peut plus être en position défensive, il faut qu’il soit devenu l’agresseur. Il aurait fallu qu’Israël demeure, celui qui est le plus faible, celui qui est attaqué, le plus vulnérable, pour avoir le privilège d’être celui qui se défend. Quitte à être effacé. C’est juste la preuve qu’Israël est un agresseur qui s’ignorait. Il n’y a donc pas de victoire possible pour celui qui est attaqué. Le Juif doit rester cet agneau que le loup à sa guise dévore. Le Juif doit convaincre son ennemi de faire un compromis, il doit comme au bon vieux temps négocier son existence avec lui, et si cela échoue, il doit être à sa merci et demeurer jusqu’au bout celui qui n’aura pas employé la force pour gagner son droit de vivre.

Pour transmettre un savoir, il faut d’abord l’agencer de façon cohérente. Aimer, attitude profonde juive : le judaïsme est amoureux de la vie, de l’homme, du savoir, de l’avenir, et par-dessus tout de l’amour. Tu aimeras ton prochain comme toi-même : ce qui veut dire qu’il est impossible d’aimer les autres si on ne s’aime pas d’abord soi-même. Le judaïsme n’est pas jaloux, tolère bien d’autres amours.

Le Judaïsme est encore vécu pour l’essentiel comme une souffrance ou un devoir. Beaucoup de juifs dont le judaïsme n’est plus aujourd’hui qu’une dimension encombrante de leur personnalité. Qui, tout en étant détachés de la tradition et du rite, conservaient la conscience de leur origine juive comme d’une infirmité secrète, une marque de bagnard ou une tache de naissance qui les déparait. (et en vérité, de quoi souffrent les juifs qui se haïssent si ce n’est d’un malheureux amour de l’ennemi ?). Maintenant au moins tu es à l’abri. Vraiment ? C’est ton cadavre qui est à l’abri. Tu es mort. C’est de ton conflit interne que tu es mort. Pour accéder à la célébrité et au bonheur tu as marché dans le chemin du suicide. Alors qu’au plus profond de ton âme pleurent des milliers de morts, or les morts sont bien plus puissants que tout ton bonheur et toute ta gloire.

Le Juif doit créer des valeurs pour se justifier envers lui-même et envers les autres. Tous les paysages de la terre ont recraché cet homme dans le grand baquet de la « culture internationale ».c’est là qu’ils s’agitent le long des pistes de course.

Une civilisation implique des règles fixes, une discipline, le passage de l’instinctif au rationnel, la prévoyance de l’avenir, un degré élevé de culture, conditions totalement inaccessibles aux foules, abandonnées à elles-mêmes. Par le fait seul qu’il fait partie d’une foule, l’homme descend plusieurs degrés sur l’échelle de la civilisation. Isolé, c’était peut-être un individu cultivé, en foule c’est un instinctif, par conséquent un barbare.

Là où un peuple s’épanouit, où la nature déploie sa créativité et ne se retourne pas en esprit contre elle-même (car derrière chaque psychanalyse se trouve la racine difficile à exhumer du « mépris moral de soi »), c’est là qu’est le miracle, le naturel.

Mal né ou mal protégé, c’est la culpabilité de tes pères qui pèse sur toi, ou celle de l’étranger ou la tienne propre, n’essaie pas d’atténuer, d’embellir ou d’élever les choses. Sois ce que tu as toujours été et, en toi-même, accomplis le meilleur possible. Mais n’oublies pas que dès demain toi et tout cet univers périront et que tout redeviendra autrement. Tu charries un lourd héritage, eh bien soit ! Débarrasses-t’en. Tes enfants te feront grâce de n’être point l’enfant de tes parents. Ne gruges pas ton destin. Aimes-le. Suis le destin. Quand bien même il te guiderait vers la mort. En toute tranquillité ! A travers toutes les souffrances de notre moi humain tu finiras par aboutir au firmament de ton être même. Aboutir en ton peuple éternel.
L’âme humaine prie, aime, croit, rêve, construit…en raison de je ne sais quelle banale et commune sorte de « refoulement », de « compensation », de « surcompensation », de « sublimation » de « besoin d’équilibre » et de « réaction à un état de manque ».


Le langage tue trois personnes : celle qui rapporte la rumeur, celle qui l’écoute et celle qui la répète. D’où l’ambition de réparer le monde, mission universelle, pour le bien de tous. D’où l’idée que la nature ne mérite pas un respect absolu, car il faut lui préférer les œuvres humaines.
Pour le judaïsme, le scandale n’est pas la richesse, mais la pauvreté. Certes, la richesse est une bénédiction si elle est le résultat d’une création. Mais elle devient un scandale si elle acquise en exploitant ou en humiliant les pauvres ; et la pratique religieuse elle-même est le pire des péchés si elle n’est pas l’expression d’une foi sincère.

Autrement dit, pour toute personne, juive ou non, le plus important n’est pas ce qu’elle reçoit, mais ce qu’elle transmet. Le jugement coulera comme de l’eau, et la justice comme un torrent intarissable. L’âme possède cinq dimensions (esprit, souffle, âme, vie, union) qui se réincarnent séparément.
On y découvre d’abord la fringale de découvrir et la joie d’apprendre : fort peu d’autres commentaires religieux, dans toutes les religions, font ainsi une apologie aussi jubilatoire des ponts entre les savoirs, des analogies, et des invariants. Cet autre résumé du judaïsme : « Pour exister, le monde a besoin de la loi, de la pratique et de la justice. »

Rien veut dire : que l’on n’est plus rien quand les pulsions dominent. Imbécile signifie que : quand le cœur domine l’intelligence, l’homme devient bête. Parce que la vie doit être vécue dans sa plénitude. Il faut être heureux pour rendre heureux, il faut rendre heureux pour être heureux.

Le Judaïsme est une façon de penser : Comme les Upanishad, comme les récits cosmogoniques des Amérindiens, comme la mythologie grecque et bien d’autres textes sacrés, le judaïsme est d’abord une mise en question de la condition humaine, une interrogation sur la nature du temps, de la matière, de l’esprit, et sur les conditions de la création de l’Univers.
Mais à la différence de beaucoup d’autres cosmogonies, il n’est pas un dogme : il est une interrogation, non une réponse. D’où l’obsession juive de douter, de ne jamais se contenter d’une affirmation, même du plus lettrés des rabbis ; de toujours discuter, fût-ce avec Dieu ; de refuser de ne lire la Bible qu’au premier degré, mais d’y chercher sans cesse des messages secrets. Avec, chaque fois, une réponse derrière toute question, une question derrière toute réponse. D’ailleurs, dans le Talmud, personne n’a jamais le dernier mot ; toute question reste ouverte et renvoie à une autre, à l’infini, sans qu’aucune interprétation ne l’emporte jamais sur les autres.

Le judaïsme participe à la mise au point de la méthode scientifique, il rejoint la pratique du chercheur scientifique qui recherche l’abstraction derrière l’expérience. D’où la relation naturelle, dans le judaïsme, entre la réflexion philosophique et le doute scientifique, entre la métaphore et la vérité, entre la foi et la raison.

Le judaïsme est histoire, d’abord mythologique : le judaïsme ne se réduit donc pas à une foi. Bien des juifs sont d’ailleurs devenus athées sans cesser pour autant d’être profondément juifs. Même si le judaïsme commence par l’histoire du rapport batailleur d’un peuple avec son dieu.
Chagrin : parce qu’aucun mot n’est à la mesure de son chagrin. Aaron, par son silence, explique enfin qu’il n’est pas à notre portée de comprendre les chagrins indicibles et les malheurs injustes ; il fait comprendre que le chagrin est consubstantiel à la nature et à l’amour humain ; qu’aimer un être précaire, c’est se condamner à souffrir un jour, en silence, de la perte de l’aimé. Rien de plus révolutionnaire que ce silence. Le silence est le cri le plus puissant du monde ( rabbi de Guer). Le comble de la bêtise, c’est de parler quand on n’a rien à dire. Le comble de l’intelligence, c’est de se taire quand on a quelque chose à dire.(rabbi Zeev de Strikov).

D’une part, prier ne consiste pas à s’adresser à un Dieu lointain pour obtenir quelque chose de lui, mais à faire le silence pour écouter : «écouter les autres pour mieux les comprendre ; et surtout s’écouter soi-même. « Ecoute » constitue donc le meilleur résumé de tout ce que la psychanalyse essayera de dire, bien plus tard, sur des dizaines de milliers de pages : c’est en toi qu’est la guérison ; prends conseil du meilleur de toi-même.

D’autre part, l’essentiel de la transmission de fait oralement. La Torah est à interpréter par chacun à 4 niveaux : littéral, allusif, homilétique (c’est-à-dire fondé sur l’investigation, au-delà du sens premier) et mystique. La foi et la raison sont nécessairement compatibles, toutes deux étant des créations divines.

Nomades, les juifs adorent voyager léger ; ils aiment donc les synthèses. L’obsession d’être accepté dans le monde des autres sans perdre le sien.
Méfie-toi de tes désirs. Car tout s’y retrouve : le désir conduit à adorer toute divinité qui peut promettre de le satisfaire, et à convoiter tout ce qui à autrui. Il conduit à la rivalité des dieux et des hommes, donc à la violence. L’envie, la luxure et l’ambition font sortir l’homme du monde.(Avot, 4, 21). Qui fixe les yeux sur ce qui n’est pas sien perdra aussi ce qui est sien. (Sotah, 9a). Il faut donc orienter le désir vers ce qui n’est pas destructeur : vers l’amour. A la différence du désir, l’amour n’est, en effet, pas narcissique.

Dans la Bible, le désert est lieu de purification, d’autonomie, d’apprentissage de la liberté, de découverte de soi. La tradition juive dit d’ailleurs qu’un otage libéré doit aller passer un long moment dans un désert pour y réapprendre la pratique de la liberté. A l’inverse, le désert, pour ceux qui le supportent mal, est lieu de l’exil, de la mort, du néant ; il est le labyrinthe parfait où le désespoir vient vite et où la foi est mise à rude épreuve. Il est aussi un lieu d’où il devient impossible de revenir sur ses pas et où le passé s’efface.

Le lieu de la transgression et du repentir, l’une et l’autre fondements de la maturité, qu’il ne faudra jamais oublier, une fois devenu sédentaire. C’est encore le lieu d’apprentissage de la vie en société, où l’on découvre qu’on a besoin des autres pour voyager : nul n’a survécu seul à la traversée d’un désert.

Sept principes, encore valables pour toute diaspora : 1. Ne jamais vivre seul ; 2. N’avoir que des biens mobiles, et d’abord du savoir ; 3. Transmettre ce savoir aux générations suivantes et aux peuples alentour ; 4. Maintenir par tribunaux une doctrine commune à toutes les communautés du monde ; 5. Aider au bonheur des autres ; 6. Se tenir aux aguets, sans cesse prêt au départ ; 7. Rester ouvert aux apports des autres sans pour autant être explicitement prosélyte.

Nahman de Bratslav : 40 ans avant Marx - la théorie de l’aliénation : nul n’est vraiment libre s’il est prisonnier de son travail ; nul n’est misérable s’il ne se résigne à l’être ; nul n’est vraiment riche s’il ne bénéficie pas de l’asservissement des autres. Il fait aussi, deux siècles avant notre temps, la description de la globalisation qui détruit l’environnement et réduit l’homme à l’argent qu’il possède et qui le possède. N’aie pas peur de tes ennemis. Ce qui sous-entend qu’il faut être capable de les identifier. Et aussi qu’il faut surtout redouter ceux qui ne sont pas nos ennemis.

Parce qu’une grande sagesse s’accompagne de beaucoup d’indignation, et parce que plus on a de savoir, plus on a de peine. Chaque homme doit s’efforcer de trouver la sagesse en suivant l’essence de son être. Selon la loi juive, la meilleure forme de charité consiste à faire en sorte que le nécessiteux finisse par pouvoir s’en passer.
A travers les sages et sa propre réflexion, l’étoile jaune de l’infamie devient, après la guerre, une étoile lumineuse de transmission du judaïsme.

J’ai vu encore ceci pendant les jours de vent : le juste périt dans sa justice, et le méchant vit longtemps dans sa malice. Il y a des justes à qui les malheurs arrivent comme s’ils avaient fait les actions des méchants, et il y a des méchants qui vivent dans l’assurance comme s’ils avaient fait les œuvres des justes.
L’altruisme, c’est de façon intéressée, cynique même : il vaut donc mieux être deux ensemble que seul ; car on tire avantage de la présence de l’autre.(…) Si l’un tombe, l’autre le soutient. Malheur à l’homme seul, car lorsqu’il sera tombé, il n’y aura personne pour le relever ! Si deux dorment ensemble, ils se réchauffent l’un l’autre ; mais comment un seul se réchaufferait-il ?.

Rachi en parlant du peuple juif : On vous accusera d’être des voleurs, d’avoir conquis la Terre par la force. Il faudra répondre que c’est Dieu qui décide à qui il faut donner la Terre. Etrange prémonition : les Juifs en seront accusés avant la fin du XX siècle…

L’éthique vise à chercher la joie dans la raison et dans l’amour de Dieu, c’est-à-dire de la Nature ; elle doit permettre d’utiliser la capacité à raisonner plus qu’à imaginer. Il n’y a pas de Mal ; il n’y a que de la faiblesse. Toute erreur n’est que le résultat d’une connaissance incomplète des faits.

La pire des passions est le désir de gloire : au contraire de toutes les autres, ce désir ne peut que croître en se satisfaisant, et il ne peut que perdre celui qui n’y a plus accès. Il faut la fuir absolument.

Vendre une perle que vous avez à quelqu’un qui en a envie, ce n’est pas faire des affaires ; mais vendre une perle que vous n’avez pas à quelqu’un qui n’en veut pas, voilà ce qui s’appelle faire des affaires.

Que valent nos textes s’ils ne nous permettent pas, comme la philosophie grecque, de comprendre l’Univers. A quoi sert le Mal ? A créer les conditions de l’émergence du Bien. Il faut donc se réjouir de tous les événements, même les pires. Tel est le rôle du Mal : créer les conditions du Bien. Et le rôle de la transgression est de créer les conditions du repentir.

Un peu comme dit Homère : chaque fois qu’un héros naît il se trouve toujours un poète pour le magnifier. Les juifs ont toujours été les premiers à reconnaître, à aimer et à porter aux nues. Mais un juif n’est encore jamais devenu le génie d’une ethnie étrangère, fût-il le plus éminent d’une illustre compagnie. C’est de là que proviennent la douleur, le ton aigu la couleur crue des mots d’esprit, le verbe haut et l’œil dépourvu de jeunesse.
Ils le savent tous : je puis en portant une torche baliser la voie, ouvrir le chemin, devenir chancelier, courtier, administrateur de la nation allemande, je puis aussi trouver l’accès partout où les relations entre les peuples, la détresse du plus grand nombre et la clameur des exclus et des offensés cherchent un porte-parole. Mais l’image de l’essence d’un peuple, ça jamais, quand même je serais le plus allemand de tous les allemands – jamais je n’aimerai simplement, jamais je ne serai aimé en toute simplicité. Car je ne suis pas issu de leur sein et n’entrerai jamais dans leur cœur. Mon destin est de servir, d’exposer, de nettoyer, de veiller et de m’offrir à l’étranger. La gloire ne couvre que l’autre, qu’il soit ami ou ennemi.
Paul Rée a tenté de devenir l’ami de la grandeur. Telles étaient sa voie et sa vocation. Il ne pouvait s’accomplir autrement. Mais voilà, son amour fut rejeté, il fut mis sur une voie de garage au motif de son inutilité. On comprend bien l’amertume de ce solitaire.

Le juif reste au-dehors. Durant des siècles son groupe ethnique a été un petit lac silencieux exposé au risque de finir dans un marécage. Auprès de lui nul autre que ses défunts. Nul territoire qui consentît à le supporter, nul qui voulût clamer son innocence ; aucune culture n’était vraiment sienne tandis que son seul héros était celui qui voulait bien le tolérer.
Nous tous citons volontiers la belle formule : « Heureux celui qui se remémore ses aïeux dans la joie ». Mais que peut bien faire un enfant qui a honte de ses ancêtres alors que ceux-ci, sans avoir mal agi et après avoir donné le meilleur d’eux-mêmes, l’ont précipité dans l’existence comme par hasard, lui, leur petit-enfant ?Assailli de vulgarité et de déficiences, un tel enfant dépense ses maigres forces à vouloir briser des chaînes indestructibles.
On nous prêche toujours la « communauté » alors qu’on devrait nous enseigner la solitude. Car la communauté est ce que tout un chacun recherche alors que la solitude demeure l’apanage de quelques uns. Un homme peut parfois, sa vie durant, détester du plus profond de lui-même la communauté qui l’a vu naître et qui l’a élevé, mais il lui est parfaitement impossible de séparer son propre destin de celui du groupe.

La loi du pays est la loi. Depuis toujours, l’enseignement des sages présente la paix comme l’un de trois piliers qui soutiennent le monde, les deux autres étant la justice et la vérité.
Quand ton ennemi tombe, ne te réjouis pas ; quand il s’effondre, que ton cœur n’exulte pas, de peur que le Seigneur ne le voit et qu’à ses yeux cela soit condamnable..(Livres des Proverbes XXIV, 17). Aucun parent israélien, aucun parent juif de par le monde, n’est monté sur le toit de sa maison pour crier sa joie pendant les bombardements de Gaza. Au contraire chaque Juif a souffert avec les palestiniens.
Tel est le destin des Juifs : l’un pèche et tous souffrent (Lévitique Raba 4:6). Parce qu’ils sont une minorité, les Juifs sont souvent identifiés aux plus mauvais d’entre eux. Ainsi, les antisémites, qui étaient aussi anticommunistes, remarquaient invariablement que Karl Marx était juif, bien que converti au christianisme, bâti sur les principes marxistes, était tout aussi antisémite.
On doit toujours se considérer comme en équilibre entre ses fautes et ses mérites. L’humanité est jugée selon ce que vaut la majorité de ses membres, et l’individu selon la nature de la majorité de ses actions.(Eléazar ben Simon)
A la lumière de certains passages du Talmud, il n’est pas étonnant que les Juifs soient devenus un peuple accablé par le sentiment de culpabilité ! Ne te sépare pas de la communauté (Pirkei Avot, 2:4). Cela est une critique implicite des Juifs qui croient pouvoir se tenir à distances des problèmes auxquels sont confrontés les autres Juifs.

Du point de vue du judaïsme, que chaque vie humaine soit dotée d’une valeur suprême a de nombreuses implications. Mais cela signifie d’abord que celui qui tue un innocent commet le plus grave des crimes : tuer dix personnes de plus augmente la dimension du crime, mais pas sa gravité. Cet enseignement a aussi des implications sociales, politiques et économiques.

Mais nous connaissons moins bien la première source des sentiments qui ont conduits un autre petit peuple, entouré de nations d’un esprit différent, et sans cesse opprimé, à tenter de résoudre le problème de l’unité du gouvernement moral du monde, à chercher les sanctions du bien et du mal, à rapporter tout mal au péché, à imaginer un ordre terrestre accompli de justice et de charité. La religion non pas dans le sens universel défini plus haut, qui comprend les théologies et les cultes des gentils, mais telle que nous la comprenons aujourd’hui et qu’elle s’est posée en les Ecritures. (Charles Renouvier, philosophe 1812-1903)

On ne guérit jamais de son enfance, a écrit François Mauriac, qui s’y connaissait.

Les sages ont dit : Aimez le travail, détestez l’autorité et la gloriole et ne vous acoquinez pas avec le pouvoir. Soyez prudents envers le Pouvoir, car il se rend proche de vous que s’il en a besoin ; ces gens ont l’air de vous aimer quand ça les arrange, mais ils ne demeureront pas à vos côtés à l’heure de l’infortune. (Maximes des pères)

AM ISRAËL HAÏ

Simon

lesavoijuif@gmail.com www.lesavoirjuif.blogspot.com

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